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Minos et compagnie
9 février 2012

L'amour n'a pas pas d'âge

... ma connerie non plus.

enfants_amoureuxJe sors la tête de mon trou (boulot, boulot, boulot... la sainte trinité, quoi !) pour vous dire que je suis une véritable bouse avec ma propre progéniture. Ouais, je savais que j'étais loin d'être parfaite, mais là j'ai dépassé largement mes prévisions annuelles, voire décennales en la matière. Je vous plante le tableau, je vous explique et ensuite vous me direz ce que vous en pensez.

On est un samedi début janvier.
L'école maternelle des affreux a une super initiative : convier tous les mômes et leurs parents à un petit-déjeuner à l'heure où si tu es normalement constitué un samedi matin, TU DORS ! Tu ne te lèves pas au son du clairon, te préparant au pas de charge pour partir boire un café froid et un bout de cake trop sec (qu'en passant, j'ai confectionné... oui, bon ça va hein !) en compagnie de 200 personnes dont la moitié a moins de 6 ans !!  Donc forcément on y va, le père Minos et moi, parce qu'on se veut être est des parents soucieux de l'éducation et de l'avenir de leurs enfants... genre, comme si un petit-déj allait leur faire gagner des points au bac.. Mais bon, passons. 

Donc on y va, plein de fougue et d'allant à l'idée de rencontrer d'autres parents qui connaissent les mêmes difficultés que nous et de faire la connaissance des copains de nos enfants qui, pour certains, nous pourriront très certainement nos week-ends et mercredi après-midis de ces 10 prochaines années. Et là, j'aurais dû faire attention aux signes annonciateurs de la connerie qui te pend au nez quand tu es en milieu hostile. Un père m'interpelle :
-  "ho hé ! Vous ne seriez pas la mère de Zeus par hasard ?".
- "Mais comment a-t-il deviné ?!" me dis-je, tenant Zeus dans les bras ou plutôt le maîtrisant pour pas qu'il n'aille terrasser un plus petit que lui. "euh oui ! Et vous êtes ?" lui demandais-je, bien incapable de voir qui pouvait être le fruit de ses entrailles parmi toute cette marmaille.
- "Le papa de Cunégonde" (je te précise Lecteur, au cas où t'irais directement porter plainte à la DDASS, que seuls les prénoms des enfants ont été maltraités pour les besoins du récit).

Donc j'avais face à moi le géniteur de Cunégonde. Cunégonde dont je n'avais jamais Ô grand jamais entendu parlé.
- "Aaaaaaaaaaaah ouiiiiii Cunégondeeeeeeeu !" lançais-je en espérant que la conversation s'arrêterait là.
Mais non. Le papa continua :
- "Alors comme ça Zeus est l'amoureux de ma fille !".
- "Ah ouais ? Non ! Sans déc. ?!", je regardais Zeus qui regardait ses chaussures. "Et comment vous le savez ?", demandais-je au père de ma future bru.
- "Ben...parce que Cunégonde nous l'a dit..."

Tandis que le père me donnait tous les détails de la relation amoureuse de notre progéniture, je regardais les deux tourtereaux : Cunégonde se dandinant amoureusement devant mon Zeus tout timide.
Je chope alors Apollon, mon autre fils, qui comme à son habitude passait par là dans un tourbillon.
- "Hé ! C'est vrai ce qu'on me dit ? Zeus est l'amoureux de Cunégonde ?"
- "Ben oui ! Même qu'ils se font des bisous" me répond Apollon entre deux cascades à mille points sur l'échelle des urgences pédiatriques.

Je me sens transportée de joie. Mon fils est amoureux ! Mon fils est amoureux !! MON FILS EST AMOUREUX !!! J'en informe qui veut bien l'entendre. Parmi l'aéropage : le père Minos évidemment, certaines mamans de ma connaissance, la directrice d'école et pour finir la maîtresse de mon fils à qui je suis à la limite de demander si cette relation n'affectera pas les performances scolaires de mon enfant.

Tandis que j'entretiens tout ce petit monde de ma récente découverte, une petite voix se fait de plus en plus entendre :
- "Maman... Maman.... MAMAN !"
- "Oui quoi Zeus ! Tu vois bien que je parle !"
- "Maman" me dit-il d'une voix plaintive en me faisant signe de le prendre dans ses bras "emmène moi. Je veux partir. Je suis fatigué. Je veux rentrer à la maison.".
- "Ho ben non Zeus, tu rigoles ? Je suis en pleine conversation avec la maman de ta fiancée, on a plein de trucs à se dire elle et moi.".
A cette réponse, Zeus chuchote à mon oreille :  "...ça me zêne." (comprendre "ça me gêne" dans la bouche au palais légèrement déformé d'un gamin de 4 ans).
"Qu'est-ce qui te gêne ? Tu veux faire pipi c'est ça ? Alors dans ce cas là, va voir ton père, c'est son tour. Moi j'y ai déjà eu droit ce matin."
- "Non Maman" dit-il, le feu aux joues, "ça me zêne que tu parles de moi et Cunégonde à tout le monde".

Et là, c'est le drame. Genre : le film hitchcockien où l'héroïne, après avoir réalisé qu'elle était perdue, sombre dans un trou noir abyssal en gigotant des bras et poussant des hurlements silencieux.
Qu'avais-je donc fait ?!
Si vous ne le savez pas, moi je vais vous le dire : je m'étais essuyé les pieds sur les sentiments de mon fils, piétiné son jardin secret, violé son intimité ! A le voir aussi honteux, si pressé de fuir, j'avais à mon tour une furieuse envie de disparaître, de m'enterrer vivante. Je me serais bien foutu des claques (le père Minos aussi), mais alors on m'aurait prise pour la folle de service... ceci dit, ce n'aurait été que faire tomber le masque. Ni une, ni deux nous sommes partis.

Revenus chez nous, j'ai dit à Zeus combien j'étais désolée de mon comportement, que je n'aurais jamais dû parler de sa "relation" avec Cunégonde aussi légèrement, que c'était son histoire, sa vie, en aucun cas la mienne et que je ferais très attention les prochaines fois à ne pas ébruiter ses secrets, si du moins il souhaitait encore vouloir m'en confier ! Mes excuses n'ont pas eu l'air de l'émouvoir, car Zeus était déjà passé à autre chose : une construction en Lego. Plus jamais nous n'avons reparlé de cet incident, ni même de Cunégonde. Seul Apollon se permettait ponctuellement quelques remarques au sujet de la demoiselle, car il avait bien compris en bon frère stratège, un peu machiavélique sur les bords, que le sujet était le talon d'Achille de son frangin. 

Puis il y a quelques jours de cela, en pleine séance de brossage de dents, Zeus me confia la bouche pleine de dentifrice qu'il n'était plus l'amoureux de Cunégonde. Je restai muette face à cet aveu. Devais-je l'entreprendre à ce sujet ou du moins le faire répéter pour être sûre que là était bien le propos sorti de sa bouche entre deux bulles de savon ? Face à mes yeux de merlan frit et ma bouche en cul de poule, il me répéta sa confession.
S'ensuivit quelques paroles échangées entre une mère et son fils sur les aléas de l'amour, la fragilité des sentiments et la brièveté de certaines rencontres. Bref, j'avais bien compris que mon fils s'était fait largué sans aucun ménagement et que mon rôle à ce moment là était de le rassurer quant à son avenir sentimental. Alors que j'étais en plein exposé certainement trop long au goût de mon fils, prenant un air narquois et savourant d'ores et déjà ma réaction, il m'interrompit :
- "Je suis plus l'amoureux de Cunégonde passque je suis l'amoureux d'Eurydice. Et puis de toute façon, Cunégonde elle est l'amoureuse de Pénélope !"

Mais ça, c'est une autre histoire... LEUR histoire.

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Commentaires
L
La une d'Hellocoton ?? Naaaan... tu déconnes !... ah ouais, c'est vrai pourtant, suis le dernier article sur la page famille. LA CONSECRATION !<br /> <br /> <br /> <br /> Bon et sinon, je te dirais de ne pas prendre de notes, que ça ne sert à rien de te préparer parce qu'en fait tu n'es jamais prête à voir ton petit bébé voler de ses propres ailes et aimer quelqu'un d'autre que toi.(je ne suis pas un peu mère juive là ?... En même temps, c'est un peu ce que je suis.)<br /> <br /> Donc en fait la seule chose qu'on sait, c'est que l'on va en chier ma grande.Courage !
E
Ah ah excellent article Mère Minos j'ai bien ri (d'ailleurs tu es dans la une de Hellocoton! Bravo!)<br /> <br /> <br /> <br /> Je prends des notes pour bien gérer le sujet pour quand ça m'arrivera !!<br /> <br /> (J'adore "seuls les prénoms des enfants ont été maltraités pour les besoins du récit")
Minos et compagnie
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