Une histoire à dormir debout
Ou de la surprise là où l'on ne l'attendait vraiment plus
Ça fait deux ans que je lis un livre.
Je ne pourrais même pas vous en donner le titre, je l'oublie dès que je referme le bouquin.
Non, je vous rassure, je sais lire et le livre n'est pas en braille. C'est juste qu'il m'emmerde profondément. Trois pages par mois c'est à la limite du supportable. Mais j'ai dit que j'irais jusqu'au bout, quel que soit le temps que ça me prenne. Ce livre c'est ma croix, c'est mon challenge personnel, ma grosse pression à moi. Il se pourrait bien même que je pleure de bonheur et me mette à crier "Adrienne !" en agitant mes petits poings nerveux le jour où j'arriverai enfin à le terminer.
Mais alors que je baillais fermement à la page 344 hier soir, il s'est passé un truc de dingue. Il y a eu un rebondissement dans l'histoire. Ça m'a tellement déstabilisée que j'ai refermé le bouquin d'un coup sec, en regardant devant, derrière et sur les côtés pour voir si quelqu'un s'était rendu compte de ce qui venait d'arriver.
Depuis, je n'ose pas reprendre ma lecture.
J'étais tellement persuadée de mourir d'ennui avant de le finir que je suis presque déçue à l'idée d'y trouver subitement un intérêt. Mais je serais encore plus déçue de me rendre compte qu'à la page 345 ce revirement de situation n'était pour finir qu'un feu de paille.
Rhaaaaaa ! Je sens que ce bouquin à force de ne pas le lire va me suivre ma vie entière et sur ma tombe, l'un de ces quatre, on lira :"Ci-gît la mère Minos qui s'est arrêtée à la page 344."
J'VEUX PAS MOURIR !
En tout cas pas avant d'avoir terminé ce foutu bouquin.