C'est pas sport !
Ou de la femme et du curling C'est que je me sens seule ! Personne dans mon entourage ne comprend mon aversion pour ces deux semaines de célébration sportive. Dès que j'entame le sujet avec quelqu'un, c'est parti pour des heures de commentaires sur les performances de la veille. Je ne vous raconte pas non plus l'ambiance de folaiïïïïe qui règne à la maison dès lors que l'un des dignes représentants de la délégation française chute ou rate une porte. Même la nounou de mes fils s'y est mise puisque je suis obligée de rentrer une demi-heure plus tôt pour qu'elle puisse suivre de chez elle les retransmissions.
Pourquoi, pourquoi, POURQUOI, POUR-QUOI les jeux olympiques ont lieu tous les deux ans ? Hein ? Pourraient pas faire un prix de groupe ? Un mois à fond par exemple, les jeux d'été dans un hémisphère, ceux d'hiver dans l'autre ? Une fois tous les quatre ans, c'est pas suffisant ? Et surtout, SURTOUT, SUR-TOUT pourquoi m'emmerder avec ça ? Moi qui déteste l'altitude, la neige, la montagne, j'ai jamais dit que j'étais d'accord pour me farcir deux semaines de sport d'hiver sur petit écran.
Le père Minos il est assis sur la télécommande en ce moment. Pire ! Il l'a dressée pour qu'elle ne rapporte plus que les chaînes sportives. Je n'ai pas mon mot à dire. Je rate donc le meilleur du trash télévisuel pour me farcir des heures de biathlon où je ne comprends toujours pas l'intérêt du doublé ski/tir vu que les lapins se sont barrés depuis belle lurette ; Des soirées interminables de snowboard half-pipe où je prie que sur la demi-lune les types explosent la leur ; Du super G comme si le salut de la planète en dépendait.
Parmi tous les sports inutiles représentés, il y en a un qui bat tous les records, c'est le curling. Je ne suis pas une experte en la matière sinon j'apprécierais sûrement ce jeu de précision dont l'objectif est de pousser une boule de granit à moitié aplatie sur la glace. Non c'est vrai ça, je suis sûrement rien qu'une gourde car je n'y vois que quatre mecs qui balayent frénétiquement et consciencieusement, longtemps, longtemps, devant un truc qui avance doucement, très doucement, très très doucement. Je suis sûre que si personne n'a encore supprimé cette épreuve c'est par crainte des représailles. Un coup de balai dans la tronche, ça peut faire mal.
Si j'allergénise à la vue de la moindre fixation, je ne suis pas pour autant une mauvaise fille. Pour tout vous dire, ça me ferait même plaisir de mater un peu le patinage artistique, mais c'est bien les seules rediff' dont le Minos en chef me fera grâce, étant donné qu'il a un peu de mal avec les collants, les paillettes et les arabesques.
Ma vie est un calvaire.
Ce week-end, c'est ski alpin, ski acrobatique, patinage de vitesse et hockey, rien de moins que trente heures de programme qu'il va falloir se manger de près ou de loin. Je ne sais pas si je tiendrai une semaine de plus à ce rythme-là.
Si ça continue comme ça, à la cérémonie de clôture, on me retrouvera prostrée sous mon lit, en position fœtale, le regard perdu dans le vide et la bave aux lèvres, en train d'ânonner le nom, le temps et les performances des 2 700 athlètes réunis pour cette compét'.
Vite, donnez-moi un bobsleigh que j'en finisse !
(Mmmmh, d'accord avec vous. Celle-là elle n'est pas du meilleur goût.)