Ma douleur, ma consolation
Ou quand Billy me sauve du blues
Quand j'étais petite et que je m'étais fait mal, ma grand-mère pour me calmer et sécher mes larmes me chantait une petite berceuse qu'elle tenait elle-même de sa maman. Celle-ci, dans une langue étrangère et à présent oubliée, racontait l'histoire d'une mère tentant d'endormir son enfant en lui disant que son père était parti faire fortune en Amérique et qu'il fallait à présent attendre de ses nouvelles. Autant vous dire que cette lettre n'arriverait jamais puisque le père en question était sûrement mort en route ou bien arrivé, mais entiché d'une autre femme (oui, je sais, ma grand-mère était issue d'un peuple qui n'était pas des plus optimistes). Toujours est-il que je me calmais immédiatement dès qu'elle entonnait ce refrain : "Shlof, mayn kind, mayn treyst, mayn sheyner, Shlofzhe, zunenyu" (dors mon enfant, ma consolation, ma beauté. Dors à présent mon adorée).
Ce n'est que des années plus tard que j'ai eu enfin la traduction de ce refrain. Mais je savais bien, en écoutant chanter ma grand-mère, à la manière dont elle fermait les yeux, un sourire aux lèvres, serrant mes mains dans les siennes que ces paroles étaient réconfortantes. Alors, je me laissais aller dans ses bras et oubliais très vite ma douleur.
J'ai perdu ma grand-mère et que j'ai oublié l'air de la chanson, mais je me souviens toujours de ces paroles qui me consolent lorsque j'ai mal quelque part : "Shlof, mayn kind, mayn treyst, mayn sheyner, Shlofzhe, zunenyu".
Et quand la douleur est trop forte, comme ces derniers jours par exemple, où un tour de reins m'empêche littéralement de réfléchir. Que la science et le corps médical peinent à me soulager. J'ai une autre manière bien à moi de trouver un peu de réconfort. Je me console en m'achetant un accessoire, mais pas n'importe lequel. Un truc devant lequel j'ai longtemps bavé, tentant vainement de me persuader que l'objet de mes désirs ne serait qu'un feu de paille de plus duquel je me lasserais tout aussi vite que du reste de ma penderie.
Prenant, cette fois-ci, pour paroles d'évangile ces quelques mots de mon ostéopathe :"faut changer de sac Madame Minos. les sacs en bandoulière ne sont pas recommandés quand on a les vertèbres en mikado !", je me suis précipitée ce week-end au corner Jérôme Dreyfuss du Printemps pour trouver un sac aux vertus thérapeutiques. J'ai opté pour le modèle Billy gris qui se porte à la main ou à l'épaule, mais en aucun cas en bandoulière, ah ça non ! Il pèse une tonne, mais il me plaît.
Il plaira nettement moins à mon ostéo qui, quand il disait qu'il fallait que je change de sacs, voulait me voir porter un sac à dos. Il peut toujours aller se gratter, celui-là, car jamais, NON JAMAIS, je ne porterai ce truc.
Comme vous pouvez voir, j'ai fait de belles photos de ma nouvelle acquisition avec mon IPhone-clic-clac-l'affaire-est-dans-le-sac. Comme je les ai faites au bureau, j'ai remplacé les fleurs fraîches par mon Mac Book et le papier à fleurs par mes dossiers en souffrance.
Résultat : j'ai réussi à donner à un accessoire de luxe l'allure d'une bouse.
Bien joué la mère Minos !